Tuesday, September 10, 2013

3,14. Ivan Borislavov. Poèmes traduit du bulgare par Marie Vrinat


3, 14

Seigneur,
toi qui m’as conçu dans ta solitude,
pourquoi m’as tu glissé ton numéro de téléphone,
puisque jamais tu ne réponds?

3, 14 15

Pourquoi ne sont dans ma mémoire
que ces chiffres magiques et incompréhensibles,
tandis que j’ai oublié tout de reste -
rites antiques, prédictions de Nostradamus,
formules sacrées,
avec lesquelles j’ai ouvert
maint lieux secrets de l’univers?

3, 14 15 59

Tandis que tu erres dans les jardins du paradis,
diverti par le chant des rossignols amoureux,
je fais le tour, fauve féroce,
du cercle de craie de ma journée.
Le seul jour
où je puis vivre,
mourir,
ressusciter.

De nouveau je mesure le rapport
entre la longueur du cercle et son diamètre.
De nouveau les mêmes chiffres:
3, 1415592653
calculés par Archimède.
Codés dans la pyramide de Chéops.
Dans le noyau de la terre.
Dans la structure de l’ouragan.
Dans la fracture des continents.
Dans la pulsations des flux et reflux lunaires.
Dans le chemin oublié jusqu’à Sirius.
Dans mes poèmes d’amour.
Dans l’espoir
d’exprimer une fois pour toutes l’ineffable.
Et d’étreindre l’infini.

3, 141559265358979323846264338327950288……………………………………………………

Vers cybernétiques que je ne comprends pas.
Tourbillon de feuilles de tremble emportées par le vent.

Couleuvre sifflant dans l’herbe.
Cordeau Bickford.
Décharge de mitrailleuse d’un téléscripteur en éveil.
Comète anonyme à la traîn de feu.
Collier brisé de mystères  
éparpillés dans l’infini.
Nuée de moineaux
explosant sur la place de la ville.
Pourvu que les pendards célestes se repaissent
des miettes de ces chiffres.
Peu importe – je serai inflexible…

Seigneur,
pourquoi t’ai-je conçu dans ma solitude?
Pourquoi t’ai-je glissé mon numéro de téléphone?

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