3, 14
Seigneur,
toi qui
m’as conçu dans ta solitude,
pourquoi
m’as tu glissé ton numéro de téléphone,
puisque
jamais tu ne réponds?
3, 14
15
Pourquoi
ne sont dans ma mémoire
que ces
chiffres magiques et incompréhensibles,
tandis
que j’ai oublié tout de reste -
rites
antiques, prédictions de Nostradamus,
formules
sacrées,
avec
lesquelles j’ai ouvert
maint
lieux secrets de l’univers?
3, 14
15 59
Tandis
que tu erres dans les jardins du paradis,
diverti
par le chant des rossignols amoureux,
je fais
le tour, fauve féroce,
du
cercle de craie de ma journée.
Le seul
jour
où je
puis vivre,
mourir,
ressusciter.
De
nouveau je mesure le rapport
entre
la longueur du cercle et son diamètre.
De
nouveau les mêmes chiffres:
3,
1415592653
calculés
par Archimède.
Codés
dans la pyramide de Chéops.
Dans le
noyau de la terre.
Dans la
structure de l’ouragan.
Dans la
fracture des continents.
Dans la
pulsations des flux et reflux lunaires.
Dans le
chemin oublié jusqu’à Sirius.
Dans
mes poèmes d’amour.
Dans
l’espoir
d’exprimer
une fois pour toutes l’ineffable.
Et
d’étreindre l’infini.
3,
141559265358979323846264338327950288……………………………………………………
Vers
cybernétiques que je ne comprends pas.
Tourbillon
de feuilles de tremble emportées par le vent.
Couleuvre
sifflant dans l’herbe.
Cordeau
Bickford.
Décharge
de mitrailleuse d’un téléscripteur en éveil.
Comète
anonyme à la traîn de feu.
Collier
brisé de mystères
éparpillés
dans l’infini.
Nuée de
moineaux
explosant
sur la place de la ville.
Pourvu
que les pendards célestes se repaissent
des
miettes de ces chiffres.
Peu
importe – je serai inflexible…
Seigneur,
pourquoi t’ai-je conçu dans ma solitude?
Pourquoi
t’ai-je glissé mon numéro de téléphone?
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